3 ans après le rachat de Texabri, bilan et perspectives avec Thomas Perrin

29 Mar,2022 | Texabri

Il y a 3 ans, Thomas PERRIN a pris les rênes de Texabri avec ses 3 associés. Hubert GIROUD fondateur et dirigeant de l’entreprise, depuis 1993, passait ainsi la main. Comment s’est passée cette reprise ? Quelles sont les nouvelles orientations données à l’entreprise ? Thomas partage son expérience.

Quels ont été tes constats et décisions durant les premiers mois de la reprise de Texabri?

L'agence ASB est partenaire de Texabri dans de nombreux projets de construction d'abris métallo-textiles

Thomas Perrin

Texabri avait un modèle unique (que l’on a, depuis, nommé Pyxis). Et très vite, j’ai constaté que c’était une grande fragilité que de proposer une seule solution technique ou esthétique au client.

C’était aussi une intuition qui était partagée par pas mal de monde en interne. Il y avait, déjà dans les tiroirs, quelques prototypes et projets pour apporter des solutions techniques complémentaires au modèle Pyxis.

Il y avait eu des pistes de réflexion autour de nouveaux modèles, mais pas dans une logique de gamme marketing élargie qui permette de répondre de manière variée, à des besoins clients qui évoluent.

Quels sont justement ces nouveaux besoins sur ce marché de l’abri métallo-textile ?

Le modèle Pyxis est un dôme, esthétiquement et fonctionnellement conçu pour être déployé de manière isolée. Quand on veut accoler des dômes (avec des bâtiments voisins ou entre eux), on a des jonctions parfois inesthétiques ou inefficaces.
Cette démarche nous a permis de passer, en 3 ans, d’un modèle unique à une gamme riche de sept modèles.

Comment as-tu réorganisé l’entreprise pour que cette démarche se traduise concrètement par la création de nouveaux produits ?

Cette démarche a, effectivement, demandé un effort colossal en interne. J’avais l’avantage d’avoir un terrain propice à de nouvelles idées, puisque l’équipe était en place depuis assez longtemps avec une ancienneté moyenne supérieure à 10 ans. Cette belle fidélité à l’entreprise et ce cumul d’expérience étaient des atouts.
Les 4 associés de la société Texabri

Les 4 associés Texabri :

Xavier Perrotino, DAF, Sébastien Tribouillier, Directeur de Fabrication, Mathias Deperdu, Directeur Commercial et Thomas Perrin, PDG

Comment as-tu abordé les aspects de conception de ces nouveaux modèles ?

Notre bureau d’études était affaibli par une sous-traitance excessive : tout le développement du logiciel de dessin était confié à un prestataire externe.

Nous avons décidé de faire monter en compétences le bureau d’études pour pouvoir internaliser le dimensionnement et le dessin des structures. Nous avons même réussi à prendre en main le développement informatique de notre logiciel.

Un élargissement de la gamme, comme évoqué précédemment, n’est pas si simple. Il faut concevoir des nouveaux modèles, ce qui implique de les penser, les dessiner, les tester, les corriger, les reconcevoir… tout en se posant la question de comment sont-ils fabriqués, transportés, installés, avec ou sans sous-traitance. Et, bien-sûr, cette démarche a dû se mettre en place tout en assurant le rythme de production quotidien de l’entreprise.

Le bureau d’études, auparavant exécutant, est devenu le cœur du réacteur. Cela a été un formidable défi humain de réaliser cette transformation en capitalisant sur les ressources humaines en place afin de ne pas perdre l’expérience cumulée de l’équipe.

Quel a été l’impact sur la fonction de fabrication et de production ?

Avec le Directeur de Fabrication, j’ai remis en question la totalité du processus de fabrication et en particulier le degré de sous-traitance. Nous avons donc repris en interne certaines fonctions (le soudage essentiellement), tout en en basculant d’autres en sous-traitance (la découpe, le perçage et le cintrage), avec un objectif clair : employer au mieux les ressources humaines et techniques de l’entreprise.

Nous nous sommes tenus à un principe fort dans cette démarche : recourir à de la sous-traitance de proximité. Cela nous permet de nous appuyer sur les ressources du bassin industriel dont nous faisons partie, de revendiquer avec fierté cette approche auprès de nos clients et d’être, finalement, mieux à même de maitriser la qualité de ce que nous proposons à nos clients.

Sur quelle technique avez-vous particulièrement investi ?

Nous nous sommes beaucoup améliorés sur l’activité de soudage. Auparavant, on faisait un nombre de pièces relativement restreint et surtout des opérations de soudage extrêmement simples.

A la différence du modèle Pyxis, nos nouveaux modèles comportent très peu de pièces identiques, et nécessitent des opérations sur des pièces plus lourdes, ceci a nécessité de nouvelles techniques de soudage et un savoir-faire que l’équipe a développé progressivement.

L’activité soudure a doublé en 3 ans.

Texabri a adapté son atelier de soudure
L’atelier soudure chez Texabri

Depuis quelques années, la RSE est un sujet sur lequel de nombreuses PME industrielles investissent. Où en est l’entreprise sur ce sujet ?

En tant qu’ancien dirigeant d’une ONG, pendant 7 ans à Madagascar, à titre personnel, j’ai du mal à m’imaginer ne travailler que pour de l’argent. Je suis ainsi sensible à l’impact que l’entreprise peut avoir autour de nous. A mon arrivée en 2019, Texabri est une société animée par des valeurs humaines très fortes avec un vrai esprit de famille dans lequel je me trouve assez à l’aise, mais sans une pratique de la RSE très systématique, très consciente et très assumée.

Je me suis donc attelé à ce chantier avec l’ambition de dépasser les actions symboliques ou d’affichage, en prenant des initiatives qui ont un réel impact. Je me fais aider pour cela de la Région, avec déjà quelques succès.

Nous nous sommes, par exemple, fait évaluer par BioM Attitude, une agence de notation qui mesure et valorise notre contribution au territoire. Elle a mis en évidence que nous avons localement un taux très important de rétribution de notre chiffre d’affaires.

J’ai conscience que ce n’est qu’un début, que nous devons maintenant travailler en 2022 sur l’implication individuelle des collaborateurs dans cette démarche RSE. C’est pour l’instant un projet et nous sommes accompagnés pour cela par l’UCLY (Université catholique de Lyon) qui a un programme régional (PRIORRA) sur ce sujet. Rendez-vous dans quelques mois pour les prochaines initiatives.

Quelle est l’ambition de Texabri à l’international ?

J’ai effectivement l’ambition de proposer nos produits à l’étranger, mais ce qui m’intéresse, c’est de faire de l’export qui a du sens, et il ne peut y avoir du sens sur nos produits que dans le cadre d’un export dans les pays limitrophes. Tout simplement parce que nos structures sont relativement lourdes et parce que la commercialisation suppose un vrai travail de proximité. Pour nous, donc, l’évidence c’est la proximité géographique et le marché européen.

Quand je suis arrivé, l’export se limitait à deux pays : le Royaume-Uni et l’Italie. Depuis, nous avons développé une activité récurrente en Belgique, aux Pays-Bas, au Luxembourg et en Allemagne. Ce sont des nouveaux pays que nous avons « ouverts » avec ou sans revendeurs, de manière pragmatique. Et l’objectif est de s’appuyer sur les premiers succès pour soutenir nos représentants sur place. Pour développer cette croissance organique, nous comptons sur nos nouveaux modèles qui sont extrêmement compatibles avec de l’export, à la différence de la précédente gamme.

Articles recommandés